On nous pose souvent la question : pourquoi vous êtes-vous lancés dans l’aventure folle de l’édition ? Et pourquoi avoir donné à votre entreprise un tel nom ??

Il était une fois, il y a fort, fort longtemps, un couple qui s’installa à Cossonay, dans une maison de ville au crépi rose (et aux volets gris).

L’idée de nous lancer dans l’édition nous titillait depuis longtemps. Dans les années 2000, le passage de l’édition de l’offset au numérique a commencé à changer la donne, pour les auteurs comme les éditeurs.

Pour rappel, dans l’impression offset (de l’anglais « to set off », « reporter »), l’impression est préparée sur des plaques d’aluminium (une par couleur d’encre) qui « reportent » la couleur successivement sur chacune des pages. Comme on l’imagine bien, il y a tout un travail de préparation des plaques d’aluminium qui rend une impression très coûteuse pour une petite quantité, quand elle permet un tarif bien plus avantageux pour de grandes quantités. Ce qui obligeait les maisons d’édition à imprimer en quantité et stocker, pour avoir un rapport qualité-prix intéressant.

L’impression numérique, elle, fonctionne (je caricature) un peu comme une imprimante de bureau : le livre est sur l’écran et on l’imprime directement sur papier en utilisant les encres ou le toner de l’imprimante. Petite précision : quand vous visitez les imprimeries, vous comprenez que ces énormes machines sont loin de la petite imprimante posée près de son bureau, on est bien d’accord. Mais c’est le même principe. Cela permet d’imprimer de petites quantités de livres à la fois, mais à un coût plus élevé.

Bref, avec le passage au numérique, les maisons d’édition à contrat d’auteur plus ou moins caché se sont multipliées, ou proposant l’impression du livre « à la demande », sans réelle diffusion, tandis que l’impression d’un livre devenait, elle, bien meilleur marché pour l’auteur qui souhaitait tenter l’aventure de l’autoédition – et l’autoédition s’est ensuite développée
également à grande vitesse. On le comprend : si vous voulez votre livre, pour l’offrir à vos amis, votre famille, il suffit de trouver un imprimeur qui vous l’imprime, pour peu que vous connaissiez un peu de bureautique !

Devant cette confusion des années 2000-2010, nous avons eu, Bernard et moi, l’idée aussi saugrenue qu’aventureuse, de lancer notre maison d’édition. Pour éditer nos livres, d’abord – les Contes de Noël de Bernard, parus dans cinq ou six journaux suisses, et mon recueil de nouvelles La Sonate indienne, dont trois des cinq nouvelles ont été lauréates de prix plutôt
importants, comme le Grand prix national de la nouvelle universitaire pour l’une d’entre elles. Et puis on a proposé à d’autres auteurs de s’associer à cette aventure, commencée à tâtons.

Cependant, quinze ans, quarante-cinq auteurs et huitante publications plus tard, la même question persiste : pourquoi la « maison rose » pour une maison d’édition qui n’est ni consacrée à la jeunesse (même si nous avons une collection jeunesse, La Maisonnette), ni à la romance ? Vous l’avez certainement deviné : parce que nous habitions une maison rose. Tout
simplement.

2016 : Nos bureaux sont trop petits, l’appartement aussi. Déménagement, dans une autre maison de Cossonay, plus au Nord, qui nous permet de doubler la surface et des bureaux et de l’appartement, dans un seul et même bâtiment, pour plus de commodité. Fort heureusement, il s’est trouvé que la maison était… rose. Alors, nouvelle maison, nouveau logo. Mais toujours rose… Avec ses rêves et son enthousiasme.

2025 : nous voici arrivés à notre quinzième année d’activité. Et avons créé une belle famille d’auteurs et de lecteurs autour de nous !